Erika Boyer
Tout en nuances : Hyacinthe (Tome 1)
Auto-édition - 2018
275 pages
14€90
Hyacinthe ne supporte pas de voir son reflet dans le miroir. Il vit loin
de tout, isolé, reclus ; il se cache du regard des autres et consacre
son existence à son art. Il n’entretient même plus l’espoir d’être un
jour aimé.
Pourtant, quand Elea entre dans sa vie, il ne peut s’empêcher d’aspirer au bonheur. Ses regards sont des caresses, ses gestes des mots doux et l’artiste en vient à croire qu’il pourrait avoir un avenir différent de celui qu’il s’était toujours imaginé.
Peut-il être homme et non plus abomination à travers les yeux de cette femme ? Mieux, peut-il l’être à travers ses propres yeux ?
Pourtant, quand Elea entre dans sa vie, il ne peut s’empêcher d’aspirer au bonheur. Ses regards sont des caresses, ses gestes des mots doux et l’artiste en vient à croire qu’il pourrait avoir un avenir différent de celui qu’il s’était toujours imaginé.
Peut-il être homme et non plus abomination à travers les yeux de cette femme ? Mieux, peut-il l’être à travers ses propres yeux ?
J'ai découvert cette auteure avec Le langage des fleurs (son deuxième roman, que j'avais adoré !), puis avec Pardon. Mais déjà dès ma première découverte, je n'avais qu'une envie, en découvrir d'autres ! Elle a un style bien à elle, tellement naturel et touchant pour décrire des choses plus ou moins simples de la vie. Dans sa saga Tout en nuances, elle nous relate des morceaux de vie, de différents personnages inspirés des divinités gréco-romaines. Des thèmes forts relatés avec beaucoup d'émotions.
Après un passé difficile, Hyacinthe fait le choix de vivre dans une forêt, loin de toute civilisation, de tout regard. Ne supportant pas son visage, il évite au maximum d'infliger cette vue aux autres. Seuls quelques membres de son entourage très proche peuvent le voir et encore, avec difficulté. Alexa, son amie d'enfance, fait partie de cet entourage. C'est elle qui l'aide pour la création de ses bijoux : elle le ravitaille en matériaux. Forgeron reconnu pour son talent, les commandes pleuvent et Hyacinthe est de moins en moins capable de les assumer seul. Alexa ne lui laisse donc pas le choix, il doit prendre un(e) assistant(e) s'il veut s'en sortir, et lui envoie son amie Elea, pour qui Hyacinthe est un modèle. L'arrivée d'Elea dans la vie du forgeron est une véritable épreuve qu'il n'est pas sûr de pouvoir surmonter. Et si elle partait en courant en voyant à quoi il ressemblait, un monstre plutôt qu'un homme ?
Erika Boyer aborde toujours des thèmes intéressants dans ses romances (l'inceste consenti pour Pardon, une relation toxique pour Le langage des fleurs, pour ceux que j'ai lu) et c'est particulièrement ce que j'apprécie. Ses personnages sont torturés, en quête d'eux-mêmes et d'un avenir meilleur. Ici, il est question de beauté physique et de l'importance qu'elle a pour une majorité de personnes. C'est triste mais c'est un fait ; si beaucoup s'en moquent, tout est fait pour nous montrer du doigt si on ne rentre pas dans une case en particulier, ce qui peut causer beaucoup de dégâts psychologiquement. C'est une chose de ne pas faire attention aux remarques et aux regards des autres, c'en est une autre de ne pas en être touché. Hyacinthe n'a rien à prouver à personne, il a du talent, un bon fond, c'est une belle personne et il s'en est toujours sorti tout seul ou presque. Mais il a conscience de son physique et de l'impact qu'il peut avoir sur les gens qui l'entourent. Comment se faire aimer si on ne s'aime pas un minimum soi-même ? Il se déteste physiquement au point de ne pas pouvoir se regarder dans un miroir et de vivre reclus de tout, dans la forêt. On ressent tellement sa détresse derrière sa certitude à pouvoir vivre seul...
Ça peut paraître être un sujet banal mais c'est tellement présent dans le quotidien de beaucoup de personnes... Même si c'est à différent degré, qui n'a jamais accordé d'importance aux regards des autres ? Si un compliment ou un regard agréable peut faire du bien, l'inverse marche aussi. L'auteure a mis l'importance sur ce thème donc, en se focalisant sur un morceau de vie de Hyacinthe, lorsqu'il rencontre Elea... Elle va complètement bouleverser ses opinions. La psychologie des personnages est quelque chose de fort dans cette saga et l'auteure les a très bien développé, au point que l'on a aucune difficulté à se mettre à leur place, à les comprendre et à s'attacher à eux. Rien n'est exagéré ou survolé, tout parait naturel.
Hyacinthe est donc un personnage torturé par son passé. Il est plus ou moins enfermé dedans, ne sachant pas tourner la page et voir autre chose que ce à quoi il ressemble. Il y attache bien plus d'importance que n'importe quelle personne qui le côtoie ou le croiserait simplement... Il fait une fixation sur son physique, jusqu'à l'empêcher de vivre pleinement, même s'il ne s'en rend pas vraiment compte. Sa solitude lui va très bien, du moins c'est ce qu'il s’efforce de croire. C'est dur de ne pas avoir de la peine pour lui. On a tellement envie de le secouer, dans le sens positif du terme, et de lui montrer qu'il est bien plus que l'image qu'il s'est faite de lui.
Elea est un personnage qui manque de confiance en elle pour certaines choses, notamment pour ses rêves. Elle n'a jamais osé et Hyacinthe, sans le savoir, lui offre la possibilité d'y arriver. J'ai trouvé ce personnage moins développé que Hyacinthe mais une chose est sûre : ils étaient faits pour se rencontrer ! C'est un peu le yin et yang, ils se complètent parfaitement.
En bref, c'est une petite romance qui fait beaucoup de bien à lire grâce aux personnages très attachants qui montrent un amour véritable malgré les apparences qui pourraient ne pas s'y prêter. Un amour qui va plus loin que le physique puisqu'il s'agit surtout de confiance en soi et de s'aimer soi-même. Une sorte de rédemption qui donne beaucoup d'espoir quant à la nature humaine.