Peter Stenson
Déchirés
Pocket - 2015
320 pages
6€80
Pour un bad trip, c'est un bad trip. En se réveillant ce matin-là et en découvrant que les zombies ont envahi les rues, Chase Daniels accuse d'abord ses excès de la veille. Cependant, il ne s'inquiète pas plus que ça. Peut-être qu'il devrait. Car la fin des temps est proche : ils sont là, dehors, ils avancent et ils ont faim. C'est maintenant une question de survie. Chase se met en tête de retrouver Kay, son amour perdu, en danger quelque part dans la ville... Quand les losers d'hier deviennent les derniers hommes d'aujourd'hui, la fin du monde peut-elle être le début d'une nouvelle vie ?
Mon avis :
Le style de l'auteur a exactement ce qu'il faut pour me déplaire en temps normal : des phrases courtes, parfois mises bout à bout sans réels liens, surtout quand la drogue est entièrement présente et des dialogues inexistants, ou plutôt directement insérés dans la narration sans une nette distinction avec celle-ci. Et pourtant, c'est un beau coup de cœur ! J'ai même adoré jusqu'à son style, c'est dire !
Chase et son meilleur ami, Sténo, sont enfermés depuis une semaine à se droguer à la méthamphétamine lorsqu'ils découvrent pour la première fois que le monde a changé. Un matin, en se réveillant, Chase regarde par la fenêtre et pense avoir une hallucination dû à la meth. En effet, il croit voir une petite fille manger les tripes d'un rottweiler. Lorsqu'il demande à Sténo de regarder, il essaie toujours de se convaincre que c'était la drogue qui lui faisait voir ça. Même quand la petite fille leur courrait après, défonçant tout ce qu'elle trouvait sur son passage... Mais les rues vides, les maisons empestant la mort, et les gens aux comportements bizarres ont l'air finalement bien trop réels pour que ce soit juste un mauvais trip... Chase n'a plus qu'une idée en tête : retrouver et sauver Kay, la femme dont il est profondément amoureux et qu'il a perdu à cause de la drogue.
Quand j'ai commencé ce roman, j'ai été un peu sceptique en découvrant le style de l'auteur qui, d'habitude, me refroidit complètement. Je me suis dit que j'allais encore mettre une éternité à le lire, butant sur des détails trop lourds ou simplement sur le texte qui me paraissait dense. Et puis, petit à petit, très rapidement même, j'ai été happée par l'histoire. Chaque fois que je refermais ce roman, quand je le devais et non parce que je le voulais, je ne pensais qu'à me remettre dedans. J'ai été totalement captivée par ce style justement. Contre toute attente, c'est ce qui m'a séduite en premier lieu !
En fait, l'auteur réussi à nous imprégner parfaitement de cette atmosphère glauque et pesante qui règne du début à la fin. Ça peut avoir un aspect déprimant comme ça mais en fait pas du tout. Étrangement, on se sent bien en le lisant, on est accro, comme les personnages le sont à la meth ! C'est très bizarre comme sensation mais aussi très agréable, et c'est aussi là que l'on se rend compte du talent de l'auteur !
Il n'y a franchement rien de gai dans ce roman, pas plus le début que la fin. Les personnages sont voués à une mort certaine et glauque, l'atmosphère est dérangeante et palpable, et le peu de bonheur que l'on y trouve se déroule dans des circonstances ou un décor plutôt crades... Mais tout ça, justement, a rendu l'histoire parfaite ! Parfaitement prenante, parfaitement accrocheuse et parfaitement travaillée !
Ça faisait longtemps que j'avais envie de lire une histoire de zombies comme celle-ci, où justement tout est perdu d'avance, d'une façon ou d'une autre, où l'espoir est quand même présent mais sous un aspect plutôt négatif (tout dépend comment on voit les choses, en fait...), où les personnages sont à ce point travaillés (humains mais sachant faire preuve de cruauté sous la pression du danger, courageux mais lâchant prise à un moment ou à un autre, forts et faibles à la fois...), où l'atmosphère enveloppe toute la pièce où vous vous trouvez et où chaque action, chaque situation vous laissent des marquent dans la mémoire pour un bon moment.
L'histoire n'est pas centrée exclusivement sur les zombies, je dirais même que les affrontements sont plutôt rares comparé à tout le reste. C'est surtout centré sur les personnages et leur psychologie mais sans mettre pour autant les zombies de côté. Et c'est peut-être aussi cette façon de procéder qui nous rend si accro. On vit complètement aux côtés des personnages : quand ils ne sont pas bien, on ne l'est pas non plus ; quand ils sont heureux, on l'est également ; et quand ils sont défoncés, et bien on se trouve à l'être aussi. Tout ça parce que l'auteur a très bien su adapter la narration à l'état d'esprit du personnage principal. Sa façon de raconter les choses dépend totalement de comment se sent Chase, nous faisant ressentir tout ce par quoi il passe : la colère, la joie, la tristesse, le dégoût, l'amour, la tendresse, l'euphorie, la détermination... et j'en passe !
En ce qui concerne les dialogues qui ne sont pas distinctement écrits par rapport à la narration, ça peut être perturbant au début mais c'est finalement approprié à l'ambiance du récit et, plus on avance dans l'histoire, plus on s'habitue et moins on y fait attention. Pour ceux que ça gêne ou rebute, on s'y fait très vite et c'est bien maîtrisé, on sait toujours quand il s'agit d'un dialogue ou non.
En ce qui concerne les dialogues qui ne sont pas distinctement écrits par rapport à la narration, ça peut être perturbant au début mais c'est finalement approprié à l'ambiance du récit et, plus on avance dans l'histoire, plus on s'habitue et moins on y fait attention. Pour ceux que ça gêne ou rebute, on s'y fait très vite et c'est bien maîtrisé, on sait toujours quand il s'agit d'un dialogue ou non.
Malgré toute cette ambiance sombre et gore, l'amour a tout de même sa place. Pas de façon romantique mais plutôt naturelle et spontanée. Il est évident que Chase et Kay sont faits l'un pour l'autre. Même quand cette dernière est aux petits soins avec son nouveau mec, même quand elle tape sur les nerfs de Chase, même quand tout annonce une fin imminente... Ils sont beaux, leur amour est beau, malgré les circonstances et leur façon de vivre en général. Chase se remémore des souvenirs qui nous permettent de mieux comprendre leur relation et comment ils fonctionnent ensemble (ainsi que d'autres qui nous permettent de mieux connaître les personnages).
Un roman que je ne peux que conseiller aux fanatiques du genre. Tout est fait pour que l'on y adhère et pour que l'on n'ait plus aucune envie d'en sortir. Les personnages à l'opposé du cliché héros, qui n'ont absolument rien pour plaire mais que l'on ne peut pas s'empêcher d'aimer, l'ambiance glauque, malsaine et pesante mais terriblement captivante et ce style d'écriture dérangeant mais percutant et complètement addictif rendent ce roman unique en son genre. Une excellente découverte qui va me marquer longtemps !
Je l'ai trouvé pas mal du tout, ça change !
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