Ariane Charland
Corps étranger
Éditions de Mortagne (Tabou) - 2017
304 pages
Papier : 16$95 ; Ebook : 12$99 (Prix sur le site de l'éditeur)
Il a suffi d'une seconde pour que mon existence bascule. Un plongeon, un
pied qui a glissé, et je suis devenu tétraplégique. À dix-sept ans. Le
Samuel d'avant n'est plus, je dois me faire à l'idée... Il paraît que
la plupart des gens préféreraient mourir plutôt que de se retrouver dans
ma situation. Moi aussi, si on m'avait posé la question avant mon
accident, c'est ce que j'aurais répondu. Et je ne peux pas dire que je
n'ai jamais pensé à la mort depuis... Maintenant ? Je ne sais plus.
Maintenant il y a mes amis, ma famille, Clara... la vie. Juste la vie.
La vie ordinaire, faite de hauts et de bas, de chagrins et de rires,
comme celle des autres.
J'aime décidément beaucoup cette collection qui parle de sujets tabous et difficiles très justement et sans tomber totalement dans le dramatique pour autant. Cette collection m'a toujours fait de l’œil mais c'est pourtant le second livre que je découvre et, encore une fois, je suis convaincue à cent pour cent !
Les parents de Samuel l'ont toujours mis en garde sur les dangers à la piscine (entre autres) mais, à 17 ans, on sait ce que l'on fait et ce n'est pas un petit plongeon qui va faire de mal... C'est pourtant de cette façon que Sam s'est retrouvé tétraplégique. Le Samuel d'avant n'existe plus. Paralysé de la poitrine jusqu'aux pieds, il doit réapprendre les gestes simples du quotidien et, surtout, il doit réapprendre à vivre...
On entre assez vite dans le vif du sujet. Tout d'abord, on fait rapidement la connaissance de Samuel, ses habitudes de vie, ses amis proches, son béguin... mais le drame a lieu assez rapidement dans le récit sans que ça paraisse trop rapide pour autant. C'est à partir de cet accident que l'histoire commence réellement et, dès lors, il en est difficile de lâcher le livre. En effet, on a quand même le temps de s'attacher à Samuel avant son accident parce que c'est un jeune sans problème, qui croque la vie à pleine dent et qui a l'air plutôt bien dans ses baskets. Bref, le genre d'ami que l'on pourrait se faire facilement. Quand survient l'accident, on se doute que rien ne sera plus jamais pareil pour lui et c'est tout ce "réapprentissage" que l'on va découvrir à travers ses yeux et ses pensées.
J'ai trouvé que l'auteure avait trouvé les mots justes pour décrire tout ce que Samuel ressent mais aussi tout ce qu'il vit depuis son accident. On peut se faire une idée de tout ça rien qu'avec les explications données. Samuel doit faire le deuil de son ancienne vie et accepter son état actuel, c'est-à-dire, accepter qu'il ne vivra plus vraiment comme tout le monde ou, en tout cas, qu'il devra faire les choses différemment, qu'il devra accepter l'aide qu'on lui propose aussi, accepter de dépendre un minimum des autres. Toute cette acceptation, on la traverse avec lui, on passe par des moments difficiles, tout comme lui, mais aussi par de bons moments. Il n'est vraiment pas difficile de comprendre ce qu'il ressent et ça donne clairement pas envie qu'un tel drame survienne dans notre vie...
Tout est bien pensé : l'explication de la tétraplégie, le regard et la dépendance des autres, les efforts à fournir quotidiennement pour ne pas empirer les choses, la comparaison à l'ancienne vie (le deuil), les conséquences sur le corps et sur le moral, même les questions sur la sexualité ont été soulevées (parce que oui, on va pas se leurrer, à 17 ans on y pense et quand on sait qu'on ne pourra jamais "rien" faire, il faut pouvoir l'accepter et l'assumer... alors je suis vraiment contente que l'auteure en ait parlé aussi ouvertement sans rentrer dans l'obscénité pour autant). Et, à travers tout ça, on ne ressent pas de pitié, plutôt de la compassion, et pas seulement de la peine, on y retrouve aussi de la joie que l'on se surprend aussi à ressentir pour le personnage. C'est beau. C'est dramatique mais de façon bien tournée, ce qui rend l'ensemble de ce roman vraiment beau. Il apporte une belle leçon de vie, un beau message d'encouragement, avec un personnage très fort malgré ses moments de déprime.
Samuel est donc un personnage pour lequel on s'attache très rapidement. J'ai beaucoup parlé de lui, parce que c'est le personnage concerné mais aussi parce que c'est son point de vue que l'on suit principalement. De temps à autres, rarement, il y a celui de Clara, son béguin qui a pris ses distances lorsqu'il a eu son accident, et c'est une bonne chose car son point de vue à elle permet de souffler à des moments où l'on se surprend à retenir notre souffle... Elle apporte un peu de fraicheur là où la vie a été dure. J'ai adoré ses réactions, qui ne sont pas toutes très bonnes mais qui explicitent bien les réactions que peut avoir l'entourage de quelqu'un qui devient handicaper.
Les parents de Samuel aussi sont présents, ainsi que son cousin et leur meilleur ami. Ces derniers se connaissent depuis toujours et parlent de tout ensemble, et les parents sont surprotecteurs, ce qui nous saoule autant qu'à Samuel mais qui ne peut pas en être autrement ! On apprend certaines choses aussi par le biais de leurs recommandations et, tout ce petit monde, ça forme une histoire très touchante, très réaliste et, surtout, très complète.
Un roman jeunesse que je ne peux que conseiller. Le côté dramatique ne se ressent pas énormément, il y a un juste milieu. Samuel vit, ou subit, simplement ce qui lui arrive, dans l'ordre des choses. Les personnages secondaires viennent apporter un peu de douceur à un événement qui n'est pas facile à accepter et Samuel est totalement transparent sur ce qu'il ressent. Il y a un parfait juste milieu, avec des mots bien choisis qui en font une histoire touchante et agréable à lire malgré tout.
Je pense qu'il pourrait plaire à ma mère plus qu'à moi mais à voir !
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