Colas Droin
Bittersweet
IS Edition (Graines d'écrivains) - 2017
116 pages
13€
Marc, adolescent à la sensibilité et
l'imagination débordantes, subit de plein front le cancer de Lucie, sa
petite sœur de huit ans.
Alors que les aller-retours à l'hôpital
se font plus fréquents, il dérive progressivement dans l'onirique afin
d'oublier la réalité du quotidien...
Si ce roman se lisait vite dès le départ, c'est bien tout ce que je lui trouvais au premier abord. Finalement, j'accrochais de plus en plus, parce que les mots choisis, la façon dont l'auteur raconte l'histoire, sont percutants. C'est très rapidement devenu un coup de cœur !
Pendant une très courte période, on suit principalement Marc, c'est du moins lui le narrateur, face à la maladie de sa petite sœur de 8 ans. Lucie a un cancer et Marc, même s'il se voile la face, n'arrive pas à l'accepter, ce n'est pas possible, trop injuste... Marc fait alors comme il peut pour avancer, pour soutenir sa mère, maladroitement mais toujours franchement, fidèle à lui-même. Accablé par toute cette tristesse, il se retrouve souvent dans le monde des rêves, où il cherche des réponses à ses questions : la maladie, la mort, la vie...
Si je n'accrochais pas au tout début, c'est surtout à cause de la façon de parler de Marc. C'est lui le narrateur, donc on est tout le temps dans sa tête, et c'est tout aussi franc que ce qui sort de sa bouche... Ce sont des phrases parfois "décousues", ou du moins mal tournées, pas mal d'injures, de l'irrespect général et je me suis dit que ça n'allait pas le faire... Mais en fait, ça le fait très bien ! Parce que Marc n'a que 15 ans, qu'il n'a simplement pas de filtre et qu'il croule tout aussi "simplement" sous le poids de sa tristesse et de son incompréhension face à l'injustice de la vie. On se rend très rapidement compte qu'il n'y a pas de méchanceté dans tout cela, pas d'insultes gratuites, et ce que je prenais pour de l'irrespect n'est que la conséquence de ce qui lui échappe, du haut de ses 15 ans.
On s'attache très vite à Marc, à sa souffrance dissimulée, au fait qu'il se soit perdu au milieu de la tristesse quotidienne, parce que personne ne sait si Lucie ira mieux, qu'elle n'a que 8 ans, qu'ils ont déjà perdu leur père... Que la vie s'appelle Injustice. C'est énorme ce qu'il vit et, malgré tout, bien que l'on ressente cette tristesse les accablant tous, ce n'est pas lourd à lire parce que l'auteur a su y intégrer une certaine justesse, de l'humour et un côté poétique, métaphorique, qui fait clairement du bien à lire en parallèle.
Une fois que je j'ai cerné le personnage de Marc, je me suis très vite retrouvée en lui... Je n'ai pas du tout le même âge, je n'exprime pas ma peine, ma colère, ma haine comme lui, ou disons plutôt pas de la même façon, mais il exprime à sa façon exactement ce que je ressens généralement face à l'injustice de la vie... Ce que, donc, beaucoup ressentiront également. C'est un personnage réel, authentique, sincère, très sensible malgré les apparences et très touchant.
Je ne me suis pas vraiment attachée à Lucie et sa mère, bien qu'elles fassent partie intégrante de l'histoire. Mais, justement, je pense qu'elles et Marc sont un tout, que bien qu'ils soient différents, l'histoire n'aurait pas lieu d'être sans ces trois personnages-là en particulier. Ils ne vont pas les uns sans les autres.
Cette histoire m'a profondément touchée. C'est un thème délicat, triste mais manié avec tant de justesse, de sincérité, d'amour et de jolies métaphores que l'on ne se sent pas déprimé après l'avoir fini. Je pense qu'il m'a principalement touchée pour mes raisons personnelles, que l'auteur a su trouver les mots justes, ainsi que l'émotion, pour exprimer tout ce que l'on peut ressentir et vivre face à la maladie, mais même sans cela je pense qu'il est très facile d'être conquis par cette histoire, d'autant plus que la plume est très fluide. Marc est un personnage très percutant et émouvant, c'est ce qui m'a le plus surprise finalement. C'est un beau coup de cœur que je recommande vivement !
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