David Bisson & Evangéline de Schonen
L'enfant derrière la porte
Le Livre de Poche - 1995
123 pages
4€10
En août 1982, vêtu d'un anorak et
d'un bonnet de laine, un garçon de douze ans raconte dans un
commissariat de la banlieue parisienne son effroyable histoire. Depuis
l'âge de quatre ans il a vécu enchaîné dans une salle de bains, puis au
pied du lit de ses parents, puis dans un placard; dans le même temps
il a été fréquemment battu et il a été brûlé par sa mère. C'est auprès
du psychiatre Tony Lainé, spécialiste de l'autisme, disparu depuis, que
David parviendra à retrouver un début d'équilibre et à aborder sa vie
d'adulte. Durant le procès il ne dira rien; il demandera même au garde
des Sceaux une mesure de grâce en faveur de sa mère. Elle sera libérée
après un an de prison, mais il restera sans nouvelles... C'est ce
chemin de solitude et de souffrance - de retour, aussi, vers la vie et
les autres - que David Bisson évoque ici. Un chemin que connaissent
encore, à des degrés divers, des milliers d'enfants dans notre pays...
Mon avis : Je pense que tout le monde ressent la même chose face à ce genre de témoignage. De l'écoeurement, de l'incompréhension et de la haine.
David a vécu huit ans attaché et enfermé comme un chien. Pire. Il n'a jamais su pourquoi sa mère ne l'aimait pas, puisqu'elle aimait son petit frère. Son beau-père ne disait rien, sûrement impuissant face à cette femme puisque David n'était pas son fils à lui. Il était d'abord attaché dans la salle de bain ou dans les toilettes, à voir les allers et venus de chacun, comme s'il n'était pas là... À subir ce qu'on lui montrait alors que ce n'était qu'un petit garçon... Puis il a été attaché au lit familial. Pour finir, il a été enfermé dans un placard. Dans le noir. Pendant tout ce temps, il a subi la colère de sa mère. Crises qui n'étaient aucunement justifiées puisque David ne faisait rien de mal. Que pouvait-il faire, attaché ? Jouer ? C'était punissable apparemment.
Des passages m'ont énormément marqués. Sa mère était d'une telle violence. Je me demande comment c'est possible. Il garde des traces, physiques et morales, dans sa vie d'adulte. On n'efface pas le passé. On vit avec. J'ai de la peine pour David. Beaucoup. Aucun enfant au monde, si turbulent soit-il (même si là, ce n'était pas le cas), ne mérite un enfer pareil.
Pourtant, David a toujours su garder courage et espoir. Dix ans à peine, il pensait déjà à la mort mais il a toujours fait face. J'admire beaucoup sa ténacité , sa patience et même son pardon.
Je ne critiquerai pas la façon d'écrire de David, ce n'est pas le but dans ce genre de roman. Il écrit avec son coeur, avec ses souvenirs, avec sa peine. Aucun mot n'est vraiment qualifiable pour exprimer ce qu'il a vécu. Il a voulu en parler, faire partager cet enfer pour se sentir mieux et j'espère juste que ce genre de témoignage fait réfléchir certaines personnes et donne du courage à ceux qui ont été dans le même cas, car beaucoup d'enfants ont subi ce genre de maltraitance. Ce livre est très touchant et très émouvant.
« Et la nuit revenait.
Et la terreur s'installait.
C'était la nuit surtout qu'elle me massacrait, qu'elle me passait à tabac. »
Et la terreur s'installait.
C'était la nuit surtout qu'elle me massacrait, qu'elle me passait à tabac. »
« Les douleurs physiques
s'oublient vite. Elle a toujours essayé de me faire mal, très mal, un
vrai bourreau. Ma douleur est morale. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Votre avis ?